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Critique littéraire : L’islam ou l’effacement du féminin

Critique littéraire : L’islam ou l’effacement du féminin

Asma Lamrabet Islam et femmes. Les questions qui fâchent, Folio essais, 2018, 304 pages, 7,80 €  

Médecin biologiste, essayiste ayant publié plusieurs ouvrages sur la question des femmes dans l’Islam, Asma Lamrabet avait été nommée, en 2011, directrice du Centre d’études féminines en Islam, au sein de la Rabita mohammadia des oulémas du Maroc. Depuis la première édition de Islam et femmes, elle a été contrainte, le 19 mars 2018, de démissionner de ce think tank religieux placé sous tutelle royale, pour avoir plaidé l’égalité hommes-femmes en matière d’héritage. Cela donne un relief particulier à la réédition de cet essai qui démontre le travail d’effacement de la place et des droits de la femme auquel la jurisprudence islamique s’est longuement attelée. En contestant l’interprétation faite par le hadith de certains versets du coran pouvant initialement paraître neutres, sinon bienveillants, sur ce sujet, l’ouvrage s’efforce de prouver « à quel point l’étude du fait religieux se fait de manière archaïque et sélective, puisque l’on ne reprend que certains arguments et commentaires qui confortent les mentalités patriarcales ». Si l’argument parait convaincant, il met paradoxalement en lumière la fragilité du projet de l’auteur, développer un Islam respectueux des femmes, contre lequel la même objection, celle d’une nouvelle sélectivité intéressée du hadith, pourra toujours être formulée en retour. À trop vouloir démontrer l’existence d’un Islam premier supposé vertueux, l’auteur se risque en outre à quelques assertions historiques hasardeuses : si un Saint Thomas d’Aquin placé au XIIe siècle obtient l’indulgence du lecteur, l’idée d’un Islam qui aurait été le premier « dans l’histoire de l’humanité » à accorder des droits juridiques aux femmes en matière d’héritage prête en revanche à sourire, ne serait-ce qu’en connaissant le régime dotal des celtes, tel qu’il était déjà pratiqué en Gaule trois siècles avant Jésus-Christ, qui accordait aux femmes une situation d’égalité juridique avec les hommes en matière de gestion patrimoniale comme de succession. Sans compter le statut de Personne acquis par la femme au sein du christianisme, dès l’origine.

Michel Loussouarn, étudiant de l’ISSEP POLITIQUE MAGAZINE - Nº175, Décembre 2018