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Entretien avec Claude Chollet sur la collection Désintox des éditions de La Nouvelle Librairie

Entretien avec Claude Chollet sur la collection Désintox des éditions de La Nouvelle Librairie

Publié le 26 octobre 2020 sur L’Incorrect

 

Dans son dernier livre, Maximilien Dreyer analyse les ressorts de l’infotainment, qui diffuse par le divertissement le style et les valeurs d’une bourgeoisie décontractée et ricanante. Entretien avec Claude Chollet, directeur de la collection Désintox et de L’Observatoire du Journalisme, qui en a rédigé la préface.

 

En une époque à ce point marquée par le politiquement correct, qu’attendez-vous de la collection Désintox que vous venez de créer ?

Désintox comme son nom l’indique est un antidote à l’empoisonnement permanent par la doxa du politiquement correct dans la majorité des médias de grand chemin du monde libéral libertaire de l’information, au sens large de ce terme. La collection veut réintroduire une bouffée d’oxygène dans l’atmosphère confinée du paysage audio-visuel français comme dans celui de la presse écrite. Un peu d’air dans une atmosphère confinée nous permettra de mieux respirer. Pour cela, la collection pratique « l’effet vampire ». Pour faire disparaître le vampire médiatique du politiquement correct, rien de mieux que de l’exposer à la lumière : il disparaît.

 

Espérez-vous peser dans le débat public ou plus modestement éveiller les consciences individuelles ?

Les deux mon capitaine : scripta manent, les écrits restent. Une brochure papier est plus efficace pour éveiller sur le fond qu’un simple lien digital. Le prix de nos brochures est fixé à 5 euros, un chiffre presque symbolique accessible pour les étudiants les moins argentés. Nous enverrons également une centaine de services de presse aux journalistes médias sans oublier Yann Barthès lui-même et quelques-uns de ses collaborateurs. Nous serons présents sur les réseaux sociaux via un film divertissant de 46 secondes sur le thème de la chasse aux vampires en nous inspirant de Nosferatu, le chef d’œuvre de Murnau. Quelles seront les retombées grand public ? La pierre est lancée, il y en aura d’autres avec une brochure sur l’affaire Obono/Valeurs actuelles ainsi qu’une analyse fine de la mainmise de certaines féministes sur internet. Il y aura des retombées que nous mesurerons plus tard.

 

“Mettre le doigt là où ça fait mal – islamisme, grand remplacement, insécurité quotidienne – pourrait faire réfléchir le grand public aux causes premières de ces différents problèmes : la lâcheté, le laxisme et le manque de courage sur tous les plans”

 

 

Comment analysez-vous l’importance prise par l’émission Quotidien en termes d’audimat ? Faut-il y voir une consécration des idées dominantes ou seulement une minorité médiatique disposant d’un socle solide ne représentant pas l’état d’esprit de la société française ?

Je ne connais pas les derniers chiffres de l’audimat, mais Quotidien est une émission phare du groupe TF1/TMC, je ne pense pas qu’ils la maintiennent à une heure de grande écoute pour le plaisir mais simplement parce qu’elle offre un « temps de cerveau disponible pour les annonceurs » comme le revendiquait en 2004 l’ex dirigeant de TF1 Patrick Le Lay. Situer l’origine du phénomène, c’est remonter à l’histoire de la poule et de l’œuf. La minorité médiatique libérale libertaire défend son quasi-monopole, le public suit en partie parce que c’est une heure de grande écoute mais aussi parce que l’émission est dans l’air du temps. Un air du temps conforté, animé, chouchouté par l’émission par un mécanisme cybernétique.

 

A en croire le premier titre de la collection, l’émission Quotidien se désintéresse du débat politique contemporain et caricature, néglige, les véritables enjeux actuels. Pourquoi ?

Parce que mettre le doigt là où ça fait mal – islamisme, grand remplacement, insécurité quotidienne – pourrait faire réfléchir le grand public aux causes premières de ces différents problèmes : la lâcheté, le laxisme et le manque de courage sur tous les plans. Camoufler les enjeux réels sous un ricanement convenu, un peu vulgaire, tout traiter par le petit bout de la lorgnette, c’est la définition même de l’infotainment. Les trois chapitres de la brochure s’intitulent : la morgue, le vide, le faux. Fermez le ban.

 

Vous avez à plusieurs reprises décrié l’attitude de Yann Barthès et de son équipe. L’arrogance, le mépris et les ignominies sont-ils les ingrédients de la réussite en 2020 ? S’agit-il d’une réelle demande des téléspectateurs ?

Je  vous renvoie à ma réponse précédente : l’un appelle l’autre, l’autre appelle l’un. Quand on voit le succès d’Eric Zemmour sur CNews on se rend compte qu’un autre public existe, plus exigeant, moins moutonnier. Mais nous savons que les moutons sont toujours majoritaires, par paresse, par peur, par conformisme. Ne leur jetons pas la pierre, ils pourraient suivre d’autres bergers, c’est une question politique de la direction des chaînes.

 

Vous avez aussi à plusieurs reprises employé le terme d’« adulescents ». Décrivez-vous par cette expression une infantilisation programmée de la société par cette émission ?

L’adulescent vit ses 14/18 ans de manière éternelle. Nous connaissons tous des adulescents de 40 voire de 60 ans. Centrés sur eux-mêmes, sur la satisfaction immédiate de besoins primaires (« j’ai droit à tout, tout de suite »), oublieux de toute dimension verticale, ils vivent un éternel présent sans passé et avec un avenir limité à quelques semaines voir à quelques jours. Voyageurs sans bagages, ils sont les gogos et les victimes volontaires et auto-désignées d’un monde infantile (et non pas enfantin, le regard qui garde une part d’émerveillement). Ils sont les spectateurs dociles et les objets d’une émission qui les conforte dans leur narcissisme.

 

Où peut-on se procurer votre brochure ?

Yann Barthès, le ricanement au Quotidien. Chronique d’une imposture est disponible sur Amazon, à la Nouvelle Librairie 11 rue de Médicis à Paris et sur leur site internet et sur le site de l’Observatoire du journalisme.

 

Propos recueillis par Paul Ramus,
étudiant en Bac+4 à l’ISSEP