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Article étudiant - L’Arménie dans la tenaille azéro-turque - Article étudiant ISSEP

L’Arménie dans la tenaille azéro-turque

L’Arménie dans la tenaille azéro-turque

Le 10 novembre 2020 sonnait la fin du conflit opposant Arméniens et Azéris dans la région du Haut-Karabagh. Le cessez-le-feu organisé par la Russie met un terme à quarante-cinq jours d’une horreur qui, plus qu’à une guerre, s’apparente à un nettoyage ethnique. Les différentes vidéos de tortures des prisonniers arméniens, les bombardements prémédités des habitations civiles ont démontré un climat de haine émanant d’un peuple envers un autre. Pourtant, même si, de fait, les terres cédées par l’Arménie font en réalité partie du territoire de l’Azerbaïdjan, ce sont les atteintes aux civils arméniens qui suscitent le plus d’inquiétudes.

 

Dans la région du Haut-Karabagh, les Arméniens qui ont toujours résidé dans ces contrées ont brûlé leurs maisons, emportant avec eux les pierres tombales de leurs ancêtres afin que leurs noms ne soient pas effacés de l’Histoire. Le conflit s’est avéré extrême- ment meurtrier. L’Azerbaïdjan reconnaît avoir perdu 2 583 soldats mais sans communiquer le nombre de mercenaires syriens tombés à leurs côtés. L’Arménie en face paie un lourd tribut : elle a perdu 3 500 soldats et civils et déplore 10 000 blessés. Ce bilan s’explique par le nombre d’infrastructures civiles visées par l’armée azérie. Les églises, les écoles, les hôpitaux ont été bombardés, les civils ont été volontairement ciblés à plusieurs reprises.

 

Le conflit s’inscrit dans un long processus commencé il y a plus de mille ans entre les deux civilisations chrétienne et musulmane. L’Arménie, pays vieux de 6 000 ans, fut le premier Etat du monde ayant adopté en 301 après J.-C. le christianisme comme religion d’Etat. Cette culture est une nouvelle fois agressée, aujourd’hui par l’Azerbaïdjan vieux d’à peine cent ans. Le soutien de la Turquie à la cause azérie n’a fait que renforcer ces suspicions, ce qui rappelle de mauvais souvenirs à des Arméniens victimes du génocide perpétré par les Ottomans en 1915. Les différents chefs d’Etat du monde occidental ont demandé l’arrêt des combats sans grand succès jusqu’à ce que la Russie décide d’intervenir.

Monastère de Dadivank - ArménieMonastère de Dadivank – Arménie

 

L’avenir du monastère de Dadivank en pleine région du Karabagh cédée à l’Azerbaïdjan préoccupe nombre d’Arméniens et de chrétiens. Cet édifice religieux construit en 1181 est, selon le père Hovhannès, prêtre de la région, en danger. Il refuse l’idée d’abandonner un monastère qu’il sait menacé dès lors que l’armée azérie en aura pris le contrôle. Il répète que ces terres ont toujours été peuplées d’Arméniens et que ces édifices sont les leurs, comme en témoigne la date de construction du monastère. Dans son film tourné en Arménie, Michel Onfray a rencontré cet homme de foi. Désabusé, il explique que les Azéris, qu’il qualifie de « barbares », sont nés et ont grandi dans la haine de l’Arménien et du chrétien, et qu’ils veulent détruire cette civilisation.

 

Certaines armes interdites par les conventions inter- nationales ont été utilisées par les Azéris, principalement contre les civils. En particulier des drones ultra-modernes qui larguent des bombes à sous-munitions provoquant nombre d’estropiés, chez les enfants notamment. Mais aussi des pluies d’un phosphore strictement interdit par la convention de Genève, provoquant la brûlure des tissus et des chairs, ainsi que des arrêts cardiaques brusques. L’armée azérie est extrêmement bien équipée, d’un côté par son allié turc qui lui fournit des drones kamikazes et un soutien lui offrant la maîtrise du ciel, mais aussi grâce à ses contrats d’armement avec des pays comme Israël, la Russie ou la France. Elle possède également des treillis arméniens, ce qui permet à des soldats qui parlent arménien de piéger des civils et de les tuer.

 

Ce conflit est un révélateur des horreurs de l’islam conquérant. Un djihad qui continue, avec des moyens militaires modernes, d’éradiquer les non-musulmans et tente de parachever la conquête entamée au VIIe siècle, en témoigne la présence de combattants syriens de Daesh déployés par la Turquie au Karabagh. Comme un siècle auparavant, les Arméniens sont encore victimes d’une guerre génocidaire. Le retour d’une Turquie néo-ottomane ne peut que susciter de fortes inquiétudes pour l’avenir du peuple arménien et à plus long terme pour celui de la civilisation européenne et chrétienne.

 

Paul Ramus, étudiant en Bac+4 à l’ISSEP,

publié dans Présent

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