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Critique littéraire : Où va l’Education ?

Critique littéraire : Où va l’Education ?

Barbara Lefebvre Génération « j’ai le droit », La faillite de notre éducation Albin Michel, 2018, 236 pages, 18.00 €  

Née en 1972, Barbara Lefevbre a contribué à la rédaction de Territoires perdus de la République. Enseignante dans le secondaire, elle réfléchit aux dysfonctionnements de l’éducation nationale. Selon elle, la génération de 1968 a donné une trop grande importance à l’individu et au moi, au détriment du Bien commun, en particulier dans l’éducation et la culture, entraînant ainsi la naissance d’une « génération j’ai le droit » qui ignore que l’école est le premier lieu de l’apprentissage de la contrainte sociale et des devoirs. Barbara Lefebvre explique le délitement de l’éducation et de l’instruction par les principes éducatifs issus de 1968, provoquant « l’émiettement de l’histoire nationale ». Délitement de l’éducation et de l’instruction, car elle distingue les deux : l’éducation relevant des prérogatives des parents et l’instruction des missions de l’école. L’appropriation de l’éducation des enfants par l’éducation nationale est le premier facteur de l’échec de l’école. L’auteur explique qu’au nom d’un égalitarisme dévoyé, l’école n’instruit plus les élèves, préférant les niveler par le bas, et n’éduque plus les enfants, sauf à leur enseigner des droits, dont ils retiendront en particulier celui de s’opposer, d’opposer à toute contrainte l’argument d’autorité « j’ai le droit ». Les élèves et les enfants, Barbara Lefebvre distingue aussi les deux : élève étant la fonction qu’occupe, lorsqu’on l’instruit, celui dont la nature est d’être enfant. Dans cet essai, la thèse de l’auteur est illustrée par de belles anecdotes, et du vécu. Le tout dans un lexique accessible et rythmé, qualités que le livre doit aux talents pédagogiques de Barbara Lefebvre, et non « pédagauchistes » pour reprendre son expression. Si certains suggèrent que ce livre porte mieux son sous-titre que son titre, je crois que contrairement à l’éducation et à l’instruction, à l’élève et à l’enfant, le titre et le sous-titre de l’ouvrage ne sont pas dissociables, car la faillite de notre éducation et l’émergence de la génération « j’ai le droit » sont chacun et la cause et la conséquence de l’autre.

Loïc, étudiant à l’ISSEP
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